Confinement#1

avec Papa, Elsa, un bras de maman et moi


17.03 - 10.05.2020
Retour à la source familiale.

J’ai fait asseoir papa sur un tabouret d’enfant.
Ce jour-là il faisait gris.
Personne ne voulait sourire.



Lundi de pâques. Discours du Président Macron.

1 mois de plus de confinement minimum.
Ni les universités ni les écoles supérieures n’ ouvriront avant septembre.

Qu’est-ce-qu’on mange ce soir?



Les flics dans leurs camionnettes, font le tour du parvis, les promeneurs les regardent, se regardent, les enfants arrêtent de jouer, tous tournés vers leur mère. Des promeneurs-chiens font demi-tour. Un flic descend du véhicule, contrôle le premier promeneur, puis sa famille.
Je me suis sentie en insécurité, alors que j’avais bien mon attestation de sortie sur moi. J’ai ressenti de l’humiliation, de la colère, et de la peur.



Don de Monceau Fleurs.

Maman fait les courses, les bras bien chargés, les fleurs du Monceau Fleurs lui sourient. « Servez-vous ! » lui dit le vendeur. Maman choisit un bouquet bien coloré. Des bouches rouges surgissent et crient :
« Non, ces fleurs sont à moi, elles sont réservées ! »

Était-ce avant ou après la ruée sur le papier toilette ?


La veille je n’étais pas dans mon assiette.
La peau sèche, ridée, tombante, du cou de ma mère me fait peur. Cette peau décide de choisir un nouveau chemin, elle marque les passages de son existence, à la fois stupéfiante et fascinante.
Les ombres des feuilles du bouleau sur le mur du salon se dessinent en fin de journée. J’aime les contempler. Les feuilles sont vertes.
Vert flamboyant.
La tête d’Elsa cherche la chaleur du rayon de soleil, tel un chat en train de se frotter contre la jambe de son maître.


- Ne fais pas trop de bruit, les voisins peuvent nous entendre !
- Mais papa, il n’y a personne.


Premier jour de vacances pour maman.
Fini le télétravail.
Place aux apéros virtuels !
Place à la gym virtuelle !
Place aux nombreux appels téléphoniques....

Le silence dans cette maison n’existe pas.


- Allô la police ?
Nos voisins du dessous se sont plaints de nos « bruits ».
Bruits imaginaires.